1.3. Bilan d’activité des campagnes en mer sur les 5 dernières années

La FOF rassemble des navires à la taille et au coût de mise en œuvre très différents. La simple addition des jours de mer de cet ensemble ne revêt que peu de sens et tout bilan doit être établi à partir de sous-catégories homogènes. La segmentation la mieux admise et la plus utilisée est celle qui distingue : (1) les navires dits hauturiers (l>36m), (2) les navires côtiers ou « de façade » (l<36m), et (3) les navires de stations (l>10m et dont la caractéristique est d’être gérée de manière délocalisée). Cette dernière se différencie des deux autres par le fait que l’unité de programmation/utilisation n’est pas la campagne mais la journée, voire bien souvent la demi-journée de mer. Ceci complique clairement le suivi de leur activité et nous a conduits à ne pas prendre en compte l’activité de cette composante de la FOF dans le bilan qui suit. Nous souhaitons néanmoins rappeler la fonction essentielle que joue cette flottille en tant que support de l’ensemble des activités des stations marines françaises. Les données présentées ci-dessous ont été compilées sur la base des informations fournies par l’UMS Flotte pour la période 2011-2016.

1.3.1. Nombre de jours d’activités et périodes de désarmement

Le suivi des jours d’activité par catégorie d’usage de la FOF est proposé pour chaque année sur le site de l’UMS FOF. Le Tableau 3 compile les valeurs moyennes de ces jours d’activité, établies entre 2011 et 2016.  On constate que les 4 navires d’envergure (flotte hauturière) ont permis 586j de recherche scientifique, 188j de Service Public et 161j de partenariat public-privé.  Cette répartition est a priori satisfaisante, reste que la pression de « recherche scientifique » a accusé une légère baisse au cours de ces 5 années, baisse essentiellement imputable aux difficultés de financement des recherches océanographiques s’appuyant sur la TGIR FOF (voir section 2.5). Pour l’ensemble de la flotte hauturière, les périodes de désarmement correspondent en moyenne à 20% du temps potentiel d’utilisation (Tableau 3 et Figure 11). Ce chiffre cache néanmoins une forte hétérogénéité entre navires. Cette proportion est en effet faible (i.e. <10%), voire très faible pour le Pourquoi pas ?, l’Atalante et le Marion Dufresne et au contraire importante pour la Thalassa (43%) et encore plus pour le Suroît (71%). Dans ces deux derniers cas, ceci traduit le fait que la période d’activité retenue intégrait des désarmements longs pour modifications techniques majeures (e.g. la rénovation du Suroît) ou même une période suivant le désarmement définitif du navire (e.g. le Suroît). Du fait de ces limitations de disponibilité, on peut considérer que les chiffres cumulés (e.g. 586 jours pour la recherche scientifique) constituent des sous-estimations des besoins réels de la communauté. Une mention importante concernant le Marion Dufresne est relative au nombre de jours opérables pour l’IPEV (217/an seulement). Les trois navires présentant les taux de désarmement faibles ou très faibles sont ceux pour lesquels les affrètements sont les plus importants. Ceci est particulièrement vrai pour le Pourquoi Pas ? pour lequel les 57 jours dédiés en moyenne aux affrètements occupent une part importante du temps d’activité de ce navire non dévolu à la Marine Nationale.

Tableau 3 

 

Figure 11

 

En ce qui concerne la flotte côtière ou de façade, l’activité annuelle moyenne dédiée à la recherche scientifique est de 1186j, auxquels il faut ajouter 164 j de Service Public et 36j de partenariat public-privé. Le taux moyen de désarmement s’élève à 40%, soit le double de celui pour la flotte hauturière. Là encore, il existe de grandes disparités entre navires en lien avec des problématiques techniques (e.g. l’Antea) ou bien de désarmement (e.g. le Gwen Drez). Il convient néanmoins de souligner que le taux de désarmement le plus faible (i.e. 17% pour la Téthys) reste encore relativement élevé. Ceci traduit très probablement : (1) l’absence de possibilités significatives de compensation par le biais d’affrètements pour cette composante de la FOF, et (2) l’existence d’un ticket modérateur susceptible d’avoir limité les demandes d’utilisation durant une partie significative de la période 2011-2016, ticket modérateur supprimé courant 2016. Comme pour la flotte hauturière, il convient de considérer les chiffres présentés comme des sous-estimations des besoins réels ; ceci d’autant plus que de nouvelles utilisations de type Service Public sont actuellement en émergence (e.g. ceux associés à la mise en place du programme de surveillance de la DCSMM). Compte-tenu de la variabilité annuelle en termes de thématique scientifique  et/ou de zone géographique de la programmation, mais également en raison de la difficulté pour les Universités de financer ce type de campagne, les campagnes à la mer dédiées à l’enseignement sont sous-représentées dans le domaine hauturier. Néanmoins, des Universités Flottantes ont régulièrement été organisées à bord des navires de la flotte lors de campagnes scientifiques (ex. MARCO-POLO).

 

1.3.2. Répartition entre grands domaines disciplinaires

Cet élément est en pratique assez difficile à évaluer du fait de la difficulté à définir des frontières nettes entre domaines ainsi que de la nature par essence pluridisciplinaire d’un grand nombre de campagnes (Figure 12).

Le comité prospectif a par conséquent décidé de se limiter aux quatre grands domaines suivants : (1) géosciences-paléoenvironnements, (2) physique-biogéochimie-cycles, (3) biologie-écosystèmes et (4) halieutique; les activités des flottes hauturières et de façade pour ces mêmes disciplines sont aussi comparées. On observe des différences marquées entre les deux flottes : prédominance des domaines géosciences-paléoenvironnements et physique-biogéochimie pour les navires hauturiers et du domaine biologie-écosystèmes pour les navires de façade. Les causes de cet état de fait sont multiples avec, au premier chef la prégnance de l’intérêt de chacun des grands domaines thématiques pour l’océan du large et l’océan côtier qui peut notamment expliquer la prédominance du domaine biologie-écosystèmes pour l’utilisation des navires de façade, ou encore celle du domaine géosciences-paléoenvironnements pour leurs homologues hauturiers. Le comité analyse aussi que les caractéristiques des navires en elles-mêmes influent sur l’utilisation différentielle de ces deux composantes de la FOF. Ainsi la plus grande utilisation des navires hauturiers par le domaine physique-biogéochimie traduit la nécessité d’utiliser des navires de taille suffisante pour permettre l’embarquement et la mise en œuvre des moyens techniques nécessaires à des équipes pluridisciplinaires.

 

Figure 12