2.5. Le financement : jours de mer, préparation des campagnes et recherches post-campagne

Le constat général est qu’il est actuellement trop difficile de réunir les financements nécessaires à la réalisation d’une campagne en mer et principalement à son exploitation dans de bonnes conditions. L'accès au temps navire est obtenu par le biais des projets soumis aux Commissions Nationales de la Flotte (CNFs). Mais les financements nécessaires à la bonne réalisation des projets sont actuellement mal assurés et aléatoires. En 2015, l’Ifremer a ouvert un fonds de soutien aux campagnes  avec pour objectif de financer les coûts directement associés à la réalisation des campagnes (frais de mission, coût de transport des matériels et échantillons). Ce fonds a été plébiscité mais il ne résout pas tous les problèmes. L'INSU, par ses appels d'offre pré- et post-campagnes, permet dans la plupart des cas d'éviter l'annulation du projet, mais ne permet pas de fournir les moyens suffisants pour financer les coûts consolidés relatifs aux traitements des données et aux analyses des échantillons, (le soutien post-campagne est typiquement inférieur à 10k€ par campagne). En 2016, l’INSU a contribué à ce dispositif de fonds de soutien, en y reversant les sommes affectées initialement aux appels d’offre pré- et post-campagnes. Les laboratoires sont obligés de co-financer des aspects de logistique de campagne, et en absence de financements pour la science post campagne, les données et échantillons ne sont que trop partiellement exploités. Les formats des appels d'offre ANR ou européens ne sont pas adaptés en raison du non-phasage avec le calendrier d’évaluation et de programmation des campagnes à la mer, alors que le calendrier de l’évaluation a été avancé pour être en phase avec les demandes ANR. Par ailleurs il n’y a pas de financements intermédiaires entre les projets ANR et les projets INSU, et surtout la chronologie est quasi impossible à bâtir entre les CNFs et ces autres sources de financements éventuels. Il n'y a donc pas de cohérence entre le choix de programmer la campagne et la mise à disposition des moyens pour l’exploiter et la valoriser. Par exemple, les appels d’offre pour le Royaume Uni, les Etats-Unis et l’Allemagne financent l’intégralité du projet, c’est à dire jours de bateau et engins, logistique, science post-campagne ainsi que le personnel (doctorants, post-docs, ingénieurs) et à long terme (projets de ~ 4 ans).

Pour répondre à ce problème, la communauté consultée souhaite que le budget lié aux campagnes soit individualisé au sein d’un guichet unique de la FOF à travers des accords avec l'ANR et les organismes, permettant une exploitation poussée des données et des échantillons acquis lors des campagnes. L’idéal, qui reproduirait le fonctionnement de nos principaux partenaires internationaux (ex.: UK, Allemagne), serait un guichet unique comprenant une ou des commissions habilitées à évaluer les projets dans leur intégralité et ce pour toutes les disciplines utilisatrices de la flotte. La nouvelle structure FOF pourrait être mandatée et mettre en place de telles commissions, pour l’évaluation et le financement complet des projets, incluant post docs et contrats (avis favorable sur la qualité de le recherche →  programmation → financement pré-campagne →  financement post-campagne).

Le financement de certaines campagnes en mer soulève également la question de l'articulation fonds publics-fonds privés. Ces projets financés par des fonds privés sont par exemple le projet Pamela-Total (pour lequel l'INSU et des représentants des universités participent au COPIL) menés dans le cadre strict du contrat d’objectif de l’Ifremer et les projets de prestation utilisant le grand carottage du Marion Dufresne menés par l’IPEV. Les projets liés à l’exploration des ressources minérales des grands fonds et aux études de biodiversité qui s’y greffent sont quant à eux menés sous pilotage interministériel en appui à la politique publique sur fonds propres institutionnels et communiqués pour information aux commissions d’évaluation.