L’Antéa, nouveau navire de la Flotte océanographique française dans le Pacifique

Arrivé à Nouméa en décembre 2022, l’Antéa prend la suite de l’Alis pour les campagnes océanographiques dans tout le Pacifique Sud. Il entame cette semaine sa première mission au départ de Nouvelle-Calédonie, pour étudier la dynamique de l’océan autour des monts sous-marins au sud du territoire.

La Flotte océanographique française assure une présence et un rayonnement de la recherche en sciences marines dans le Pacifique, à l’aide d’un dispositif qui repose sur deux navires : L’Atalante, navire hauturier polyvalent qui est présent en moyenne une année sur quatre dans le Pacifique, et un navire semi-hauturier basé en Nouvelle-Calédonie capable de réaliser des missions côtières et hauturières de la Papouasie Nouvelle-Guinée à la Polynésie française. L’Antéa remplit désormais ce rôle au service de la communauté scientifique depuis son arrivé à Nouméa, son nouveau port d’attache, suite au désarmement de l’Alis.

« Ce navire constitue un vecteur essentiel de la diplomatie scientifique indopacifique de la France et de son rayonnement dans le Pacifique Sud, explique Olivier Lefort, directeur de la Flotte océanographique française. L’Antéa doit permettre de co-construire avec les outre-mer et les pays partenaires de la région des programmes de recherche pertinents touchant les milieux insulaires, littoraux, côtiers et hauturiers intertropicaux. »

L’Antéa est un navire polyvalent long de 35 mètres, qui opérait jusqu’à 2021 des campagnes scientifiques en mer Méditerranée, dans l’océan Atlantique et dans l’océan Indien. Il est capable d’opérer à la fois près des côtes, grâce à son faible tirant d’eau, et au-delà du plateau continental avec 18 jours d’autonomie. Il peut accueillir jusqu’à 9 scientifiques et dispose de deux laboratoires pour effectuer un large éventail de missions scientifiques en mer. Il permet d’étudier les fonds marins avec le robot Ariane, d’effectuer des opérations de chalutage pour évaluer l’abondance des populations des poissons, d’analyser les courants, de prélever du plancton ou encore de réaliser des mesures en parcourant l’océan.

Des campagnes scientifiques dans tout le Pacifique Sud en 2023

« Dès 2023, l’Antéa assurera 157 jours de mission scientifique à travers tout le Pacifique Sud, de Nouvelle-Calédonie jusqu’en Polynésie française puis en Papouasie Nouvelle-Guinée, détaille Olivier Pringault, directeur du département Océans, Climat et Ressources à l’IRD et représentant de l’IRD au sein du comité directeur de la Flotte océanographique française. Cette activité se répartit cette année à travers 5 campagnes, au profit des scientifiques de l’IRD, de l’Ifremer et du CNRS, mais également des équipes de la Communauté du Pacifique. »

A partir du 15 mars et jusqu’à fin avril, l’Antéa entame sa première mission scientifique au départ de Nouvelle-Calédonie, Swotalis (pilotée par l’IRD), dans le cadre d'un consortium international, en lien avec le lancement d’un nouveau satellite d’observation de la Terre et des océans, SWOT. Grâce aux données collectées par satellite et en mer, cette mission est dédiée à l’étude des « ondes de marée interne », des oscillations au sein de l’océan et visibles depuis l’espace. Elle sera suivie par le premier volet de la campagne Kaseaope (pilotée par l’Ifremer), qui prévoit le déploiement d’une ligne de mouillage et d’un observatoire sous-marin autour des monts sous-marins dans le parc marin de la mer de Corail. En juillet, toujours en Nouvelle-Calédonie, la mission Cacao (pilotée par l’IRD) s’intéressera au rôle du guano sur le cycle de l’azote et la chimie des eaux côtières, à proximité des récifs coralliens.

Au mois d’août, l’Antéa se rendra en Polynésie française pour la campagne Iconic (pilotée par l’IRD). Cette mission s’inscrit dans le cadre d’un important projet de recherche qui vise à étudier comment le changement climatique affecte les connexions entre les populations d’espèces marines côtières, en particulier au sein des récifs coralliens.

D’octobre à novembre, les équipes de l’IRD et de la Communauté du Pacifique poursuivront les travaux du projet Warmalis, de la Polynésie française jusqu’à la Papouasie Nouvelle-Guinée. Ils étudieront les réseaux trophiques pélagiques dans les grands écosystèmes du Pacifique, pour permettre une gestion durable des ressources halieutiques et en particulier des populations de thons.  

A propos de la Flotte océanographique française

Présente sur toutes les mers du monde, forte de ses 4 navires hauturiers, 6 navires semi-hauturiers et côtiers, 7 navires de station et de ses engins sous-marins capables d’intervenir jusqu’à 6000 m de profondeur, la Flotte océanographique française (FOF) est l’une des 3 plus importantes flottes de recherche européennes avec celles de Grande-Bretagne et d’Allemagne. Unifiée depuis janvier 2018, elle est opérée par l’Ifremer au bénéfice de l’ensemble de la communauté scientifique française concernée. Elle s’appuie sur le savoir-faire et les compétences, d’une part, de la direction de la Flotte océanographique (DFO) de l’Ifremer (80 personnes) qui est en charge de sa programmation et de son développement technologique, et, d’autre part, de la SASU Genavir, compagnie d’armement filiale de l’Ifremer (350 personnes).

Plus de 3500 chercheurs, ingénieurs et techniciens de la communauté scientifique (universités marines, Ifremer, CNRS, IRD, Museum national d’Histoire naturelle, Institut de physique du globe de Paris…) utilisent les navires et équipements de la Flotte océanographique française. Chaque année, environ 300 nouvelles publications se nourrissent ainsi des données récoltées lors de ces campagnes menées en mer.

Cette très grande infrastructure de recherche (IR*) polyvalente réalise également des missions d’intérêt public pour l’évaluation des ressources halieutiques et pour l’observation et la surveillance des milieux côtiers. Chaque année, ses campagnes permettent ainsi d’éclairer les instances nationales et européennes chargées de fixer des quotas de pêche. Dans le cadre d’un partenariat de long terme avec la Marine nationale autour du Pourquoi pas ? (navire financé à 45% par le ministère des Armées), la Flotte océanographique française réalise également des missions au profit du Shom (Service hydrographique et océanographique de la Marine).

Pour améliorer les performances technologiques de la Flotte et proposer à ses utilisateurs des équipements de pointe, capables de toujours mieux observer, comprendre et protéger l’océan, la direction de la Flotte océanographique consacre des moyens dédiés à l’innovation. Partagées entre Brest et Toulon, des équipes d’ingénieurs et techniciens se chargent ainsi de concevoir des instruments et systèmes sous-marins nouveaux, de développer des logiciels d’acquisition et de traitement des données, ou encore de mener une activité de R&D autour de l’usage des équipements acoustiques.