CALADU. La biodiversité dans un canyon de Méditerranée

A bord de L’Europe, 11 scientifiques cartographient
les coraux dans le canyon de Lacaze-Duthiers
en Méditerranée.

 

Cheffe de mission : Marie-Claire Fabri, Ifremer, LERPAC

 

 

Les objectifs de la campagne

L'objectif principal était de réaliser la cartographie haute résolution de l'ensemble des populations de coraux. Pour cartographier l'étendue des populations, une acquisition méthodique et exhaustive sur les différents sites connus est nécessaire. Cette cartographie est techniquement possible avec le HROV Ariane.

Le second objectif de cette campagne était de prélever des coraux afin d'analyser la connectivité de cette population et celle du canyon de Cassidaigne, et celles de l'Atlantique, ceci dans le cadre du projet européen H2020-ATLAS.

La mission CALADU a ainsi collecté des données, des images et des échantillons de coraux d’eau froide. Des données acoustiques multifaisceaux ont été recueillies afin de dresser une carte bathymétrique en haute résolution des flancs du canyon. Des photos et des vidéos serviront à mesurer la surface couverte par cet écosystème. Les jeux d’images seront utilisés pour construire des modèles 3D de scènes de fond géoréférencés et mis à l’échelle et pour calculer plusieurs métriques à l’aide de la cartographie optique en 3D.

 

Lors de la campagne CALADU, vous avez pu, malgré une mauvaise météo, acquérir un certain nombre de données, certaines comme les photos proviennent du robot Ariane, d’autres comme les données bathymétriques proviennent soit du robot Ariane, soit du sondeur multifaisceaux de L’Europe.

Ces photographies permettent-elles de recenser les espèces ?

Les photographies acquises par le robot sous-marin Ariane permettent effectivement de recenser les espèces présentent sur le site, mais uniquement celles qui sont suffisamment grosses, on parle de mégafaune (supérieure à 1 centimètre).

Les groupes de faune de tailles inférieures (macrofaune 1 à 0,1 centimètre ; meiofaune de 1 millimètre à 43 microns, soit 0,001 mm) ne sont pas visibles sur les photos in situ, ni l’endofaune quelle que soit sa taille (il s’agit de la faune qui vit dans le sédiment).

 

 Les photos acquises par le robot permettront aussi de construire un modèle du site en 3 dimensions, à condition qu’elles soient acquises suivant un certain protocole. On obtient ainsi une reconstitution du site à l’échelle, ce qui permet de positionner et de mesurer tous les organismes visibles sur le modèle. Dans le cas de la campagne CALADU, lorsque les modèles seront construits, il sera ainsi possible de mesurer les colonies de coraux. L’objectif final étant de comparer les tailles des populations entre différents sites d’un même canyon, ou entre différents canyons (les populations du canyon de Cassidaigne ayant déjà été mesurées).

Vous avez également collecté des échantillons de coraux. Avec quel équipement et dans quel but ?

La collecte d’échantillons de coraux va permettre des analyses génétiques de deux types :

  • Le séquençage du génome des deux coraux formateurs de récifs: Madrepora oculata et Lophelia pertusa (maintenant appelés Desmophyllum pertusum). Ces génomes de référence sont nécessaires à une meilleure compréhension de l’évolution de ces espèces et de leur histoire biogéographique.
  • Les études de génomique réalisées  sur des populations  à l’échelle de la Méditerranée et de l’Atlantique Est afin de valider le fait que la Méditerranée est susceptible de présenter des populations différenciées, donc potentiellement démographiquement indépendantes.

Auriez-vous des exemples de ce que vous avez pu cartographier ?

Les données de cartographie obtenues lors de la campagne CALADU sont situées sur les flancs du canyon. Une partie a été acquise avec le sondeur multifaisceaux du robot Ariane à une résolution de 1 mètre, mais la mauvaise météo nous a empêchés de cartographier toute la surface nécessaire à l’aboutissement du projet. L’utilisation  du sondeur multifaisceaux du navire L’Europe nous a permis d’obtenir des données récentes sur les flancs aussi, sur une surface plus grande mais à une résolution de 5 mètres seulement. Les données bathymétriques acquises précédemment sur la zone dataient de 1997 (campagne CALMAR, sur L’Atalante) et la résolution n’était que de 25 mètres.