Programmation de la Flotte océanographique française en 2019

La Flotte en 2019

 

La Flotte océanographique française est une très grande infrastructure de recherche (TGIR) : depuis 2018, elle est opérée par l’Ifremer pour le compte de l’ensemble de la communauté des sciences et technologies marines. Elle met à la disposition des chercheurs les moyens nécessaires — navires, équipements et engins sous-marins — à leurs projets.

La Flotte océanographique française (FOF) rassemble les navires gérés historiquement par l’Ifremer (Pourquoi pas ?, L’Atalante, Thalassa, Europe, Thalia), par le CNRS (Téthys, Côtes de la Manche et sept navires de station), par l’IRD (Antea, Alis) et par l’IPEV (Marion Dufresne). Elle comprend également des engins sous-marins, comme les robots Victor6000 et Ariane, et des systèmes mobiles comme les sismiques qui permettent de visualiser les structures géologiques, ou encore le système Penfeld qui peut mesurer des paramètres du sous-sol sous-marin.

La flotte est utilisée prioritairement pour effectuer des recherches scientifiques. Elle joue aussi un rôle important dans la réalisation des missions d’un grand nombre de services nationaux d’observation (comme Pirata, voir suite) et dans les activités d’enseignement dispensées par une bonne douzaine d’universités. Répondant également à des besoins de surveillance, d'expertise ou de missions de service public pour le compte de l'Etat, elle est par ailleurs régulièrement sollicitée dans le cadre de partenariats recherche-industrie avec le monde socio-économique.

La gestion opérationnelle de la Flotte océanographique française est désormais réalisée par la direction de la flotte de l’Ifremer qui rassemble l’ensemble des moyens techniques directement dédiées à la TGIR au sein de l’institut, qui s’est par ailleurs engagé, sur la base des moyens financiers disponibles, sur un nombre annuel de jours d’activité scientifique — 450 pour les navires hauturiers et 960 sur les navires côtiers — auxquels s’ajoutent les campagnes financées dans le cadre de missions de service public ou de projets partenariaux avec des entreprises privées.

La gouvernance de la TGIR Flotte permet de s’assurer du respect du cahier des charges de la programmation et d’associer de manière équilibrée toutes les parties prenantes. Ainsi les orientations générales, la programmation et le budget de la Flotte océanographique française sont décidés par un comité directeur tétrapartite (CNRS, Ifremer, IRD, réseau des universités marines), présidé par le ministère de la Recherche. Un conseil scientifique indépendant, formé de scientifiques français et étrangers, a également été mis en place auprès du comité directeur. Il s’est réuni pour la première fois les 18-19 décembre 2018 sous la présidence de Uwe Nixdorf (AWI – Allemagne). Les campagnes océanographiques proposées par les équipes scientifiques restent sélectionnées par deux commissions nationales indépendantes, dont le renouvellement a été acté par le comité directeur de la flotte du 19 décembre 2018, l’une pour la flotte hauturière (campagnes au large), l’autre pour la flotte côtière. Le calendrier de la flotte proposé par la direction de la flotte est validé par le comité directeur, dont les décisions se prennent à l’unanimité par consensus entre les divers membres, sur la base des avis de ces commissions nationales.  

Flotte hauturière : les grands fonds du Pacifique à l’honneur avec L’Atalante

Le calendrier proposé chaque année est donc le résultat d'un travail dont les données d'entrée sont multiples : évaluations scientifiques, cibles de nombres de jours d'activité annuels, engagements à respecter hors volets scientifiques (Marine Nationale, missions de service public), et données budgétaires, en particulier la subvention pour charge de service public (SCSP) notifiée à l’Ifremer pour la TGIR Flotte, qui pour 2019 est constante par rapport à 2018.

Après prise en compte de l’ensemble de ces paramètres, le calendrier 2019 acté par le comité directeur du 31 octobre 2018 et disponible sur le site de la flotte se situe légèrement en dessous de l’objectif d’activité pour les navires hauturiers (436 jours), mais en ligne pour les navires côtiers (953 jours d’activité). L’engagement à ce que L’Atalante soit toute l’année dans l’Océan Pacifique est tenu. Ce résultat est obtenu à niveau de SCSP constante au prix d’un déficit de couverture budgétaire pour le fonctionnement de l’ordre de 1,7 M€, supporté par l’Ifremer. Ce déficit est dû au coût des longs transits associés au déploiement dans le Pacifique, à une activité soutenue des engins sous-marins et à une augmentation des coûts de carburants de 1,2 M€ par rapport à 2018.

Pour la flotte hauturière, on peut retenir la série de campagnes sur les grands fonds programmée sur L’Atalante dans le Pacifique. La série commencera à Nouméa par une première campagne appelée Chubacarc se déroulant de fin mars à juin. Coordonnée par des chercheurs de la station biologique de Roscoff (CNRS), elle permettra de sillonner l’arrière-arc du Pacifique Ouest jusqu’à Wallis et Futuna, l’objectif étant d’étudier les espèces qui ont colonisé la dorsale océanique. Le déplacement de L’Atalante se poursuivra en septembre-octobre avec la campagne Kanadeep, conduite par le Museum National d’Histoire Naturelle, qui explorera là aussi la biodiversité profonde de manière plus ciblée sur les eaux territoriales de Nouvelle-Calédonie. La série se terminera de novembre à décembre avec la campagne nommée Tonga conduite par le CNRS dans le Pacifique Sud, afin d’étudier le panache hydrothermal de l’arc volcanique de l’archipel Tonga, à l’est des îles Fidji.

Le Pourquoi pas ? sera également mobilisé sur la thématique des grands fonds avec notamment la campagne Momarsat en juin, afin de suivre un observatoire scientifique situé sur la dorsale atlantique au large des Açores.

L’activité scientifique du Marion Dufresne se concentrera sur le début d’année dans l’océan austral avec la campagne d’observation Obs-austral, puis entre fin février et début mars avec la campagne de carottage long Crotale, dont les sites sont situés près de l’île de Crozet.

Thalassa restera quant à lui occupé une grande partie de l’année sur les campagnes récurrentes d’évaluation halieutique, pour le suivi des espèces sur la façade atlantique, la Manche et la mer du Nord, avec une incursion en Méditerranée durant l’été, et sur les campagnes du service Pirata d’observation de la variabilité tropicale.

Flotte côtière : depuis le maërl breton jusqu’aux monts sous-marins en Nouvelle-Calédonie

  

La flotte côtière travaille sur le littoral métropolitain avec des navires comme L’Europe et le Téthys en Méditerranée, le Thalia ou le Côtes de la Manche en Atlantique et en Manche. Pour l’outre-mer, on peut citer l’Alis en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. L’Antea commencera en Méditerranée et finira l’année sur la zone Antilles-Guyane.

Les campagnes programmées ont des enjeux scientifiques très variés. Mentionnons, par exemple, une campagne sur le maërl en Bretagne, ce dépôt de débris d’algues, qui sera étudié comme indicateur des climats passés : c’est la campagne Pepite, coordonnée par l’Ifremer, qui se déroulera au printemps sur l’Haliotis et le Thalia. La campagne Caladu, menée également par l’Ifremer, sur le canyon méditerranéen au large de Perpignan, étudiera la biodiversité grâce à des vidéos hautes résolutions prises par le robot sous-marin Ariane. Jericobent, campagne coordonnée par le CNRS sur le Côtes de la Manche, permettra de comprendre les effets des apports en matières organiques de la Gironde sur les écosystèmes de fond de la vasière ouest Gironde. En Méditerranée, le Tethys mènera comme chaque année de nombreuses campagnes d’observation et de recherche. Dans le Pacifique, la campagne Seamounts conduite par l’IRD sur l’Alis aura lieu sur douze monts sous-marins et quatre récifs de l'archipel néo-calédonien, afin d’étudier leur rôle en tant qu'oasis de biodiversité et de refuges pour les espèces menacées. Ce navire dispose d’un grand rayon d’action et mènera aussi des campagnes en Polynésie, comme Moana Maty 2 dédiée à l’effet des îles Marquises sur la production biologique dans le Pacifique Sud.

Une meilleure vision sur les années à venir

S’appuyant désormais sur l’existence d’un budget unique, le comité directeur du 31 octobre 2018 a souhaité que l’unification de la Flotte océanographique française permette d’aller vers une planification pluriannuelle afin de donner à la communauté scientifique une meilleure vision de la programmation des prochaines années, et de compenser les biais éventuels d’une année sur l’autre. Dans ce cadre, l’engagement a ainsi été tenu en 2019 de se rendre dans le Pacifique, en y regroupant plusieurs campagnes scientifiques sur la même année (cf ci-dessus).

Après un début d’année en Méditerranée, L’Antea se rendra dans les Antilles pour une programmation sur place à cheval entre 2019 et 2020.  

Il a également été décidé par le comité directeur que L’Antéa se rendrait vers la zone Antilles-Guyane à partir de l’automne 2019, après avoir réalisé une campagne en Méditerranée. Ainsi le navire devrait pouvoir réaliser l’ensemble des campagnes demandées sur la zone Antilles-Guyane entre la fin 2019 et 2020, en y agrégeant éventuellement de nouvelles campagnes qui seront déposées en 2019, tout en étalant les dépenses sur deux exercices. Dans le contexte de tension budgétaire actuel, ce choix représente un effort financier important qui devra être réalisé en grande partie grâce à de nouveaux efforts de productivité.

 On notera enfin que le Marion Dufresne, qui réalise des campagnes en début d’année, n’aura pas d’activité scientifique durant le deuxième créneau de l’année qui va de mai à juillet, avant un arrêt technique au cours duquel sont prévus des travaux d’adaptation afin de permettre dans le futur l’opération du ROV Victor6000 et du pénétromètre Penfeld, et d’accueillir les nouveaux équipements de sismique. Ce choix de désarmement est consécutif aux contraintes budgétaires rappelées ci-dessus, ainsi qu’à des considérations d’ordre partenariales, environnementales ou techniques (le déploiement de certains engins comme Victor6000 et Penfeld nécessaires pour réaliser les campagnes évaluées programmables sur ce navire ne sera possible qu’après l’arrêt technique de fin 2019). Dans la logique de vision pluriannuelle exposée ci-dessus, et après une année 2019 de plus faible activité pour le Marion Dufresne, le comité directeur a donc acté de la priorité entre 2020 et 2021 de la réalisation de campagnes hauturières demandées dans l’Océan indien, et de carottage long en Méditerranée, sur le créneau d’activité du milieu d’année de ce navire

 

Le calendrier

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