PEPITE : étude du maërl finistérien

A bord de l’Haliotis du 30 mars au 16 avril 2019, puis à bord du Thalia du 15 au 31 mai 2019,  la mission PEPITE* étudie le maërl breton l’évolution  des paléo-environnements côtiers en Bretagne depuis 2000 ans.
Chef(s) de mission :  Ehrhold Axel, GM Géosciences Marines, Ifremer

Zone : Sites de Belle-Île, de Trévignon, de Morlaix

* Pepite : Paléo-Ecologie et Paléo-envIronnement du maërl en BreTagne à l’holocènE. La campagne a pris pour nom PEPITE-HAL à bord de l'Haliotis et PEPITE-THA à bord du Thalia

Le maërl est une accumulation d’algues calcaires rouges vivant dans les petits fonds côtiers meubles. Cette espèce protégée constitue un véritable réservoir de biodiversité et une zone de nurserie et de recrutement pour de nombreuses espèces commercialement exploitées (coquilles Saint-Jacques, pétoncles, huîtres plates, jeunes bars, …).

La campagne PEPITE-HAL est la première étape dans l'étude du maërl finistérien. Les bancs de maërl  constituent un marqueur écologique et temporel, particulièrement sensible aux fluctuations rapides des conditions paléoclimatiques, sédimentaires et anthropiques qui ont influencé le domaine côtier en Bretagne occidentale. Cette première mission a pour objectif de reconnaître trois sites littoraux, peu profonds, au sud à quelques encablures de Belle-Île, et à proximité de la pointe de Trévignon, et au nord proche de Carantec.

Les campagnes PEPITE relatives aux biocénoses de maërl sont rattachées à un programme de recherche original inter-axes Labex MER (axes 4 et 6 ; https://www.labexmer.eu/fr/recherche/).

 

Sur la Toile

https://campagnes.flotteoceanographique.fr/campagnes/18000960/fr/index.htm

et

https://campagnes.flotteoceanographique.fr/campagnes/18000944/fr/index.htm

 

 

La campagne Pepite s’est déroulée en deux temps sur 2 navires différents.

En quoi la campagne nécessitait-elle le recours à 2 navires ?

La campagne PEPITE nécessitait de réaliser des carottages dans les zones littorales (entre le 0 des cartes marines et 10 mètres de profondeur). Ces zones sont mal connues et sont, autour de la Bretagne, dangereuses du fait de la proximité des hauts fonds, des îles et des courants. Comme nous voulions faire des carottages avec le système Kullenberg, il fallait donc réaliser au préalable une mission de reconnaissance de la topographie sous-marine et d’investigation du sous-sol marin avec les systèmes de cartographie surfacique et sismiques embarqués sur la vedette Haliotis.

Dans quelle zone géographique s’est déroulée la campagne ?

La campagne s’est déroulée en Bretagne, plus précisément sur la côte est de Belle-Île, entre Concarneau et la pointe de Trévignon, et dans les petits fonds de la baie de Morlaix.

Lors du premier leg, avec quels moyens avez-vous procédé à cartographie de la zone ?

La vedette Haliotis dispose d’un panel d’instruments qui permettaient de répondre à nos questions. 

Le sonar interférométrique permet de constituer des données de bathymétrie fine et la réflectivité des fonds. Le sondeur vertical et son système Roxann permettent de restituer  en temps réel  la rugosité des fonds de maërl. Avec le sondeur de sédiment (chirp) nous avons pu pénétrer avec une grande résolution les premiers mètres sous le sédiment et imager la structure du sous-sol.

Pour compléter la sismique d’Haliotis, nous avons également traîné en surface une petite sismique Sparker (flûte monotrace) afin d’imager plus profondément les dépôts sédimentaires qui ont comblé ces environnements depuis plusieurs milliers d’années.

Quels sont les carottiers que vous avez utilisés lors du second leg ?

Nous avons utilisé le carottier Kullenberg, en mode gravitaire (2 mètres de tube) et en mode classique avec piston (tube de 5 mètres), ainsi qu’un carottier à interface, d’une longueur maximale d’1 mètre  pour mieux préserver les premiers centimètres.

Au cours de cette campagne, avez-vous eu recours à d’autres instruments ?

Pour assurer la décision des cibles de carottages, nous avons effectué sur chaque point un prélèvement à la benne shipek et enregistré une séquence de vidéo sous-marine afin d’avoir une meilleure idée de la nature du fond au point de carottage et éventuellement détecter des dangers.

Pouvez-vous déjà dresser un bilan de la campagne ?

Le premier bilan est très positif. C’était un challenge de pouvoir échantillonner dans ces conditions et nous avons pu remonter 61 carottes Kullenberg pour une longueur cumulée de 184 mètres. L’ouverture de ces carottes est en cours. L’interprétation des données sismiques également. Plusieurs stages de master sont programmés à partir de janvier 2020 pour travailler avec nous sur ce sujet.

La campagne sur YouTube avec Marie Wild

C’est un écosystème marin exceptionnel, fragile et protégé, qui constitue une grande richesse pour la Bretagne : aujourd’hui, je vous emmène découvrir le maërl !